Dans l’imaginaire collectif, ce sont les coups à la tête qui volent la vedette. KO spectaculaires, crochets fulgurants, high kicks retournés… Mais derrière ces moments de gloire se cachent des frappes bien plus discrètes, souvent négligées : les coups au corps. Moins tape-à-l’œil, certes, mais redoutablement efficaces.
Un bon coup au foie ou dans les côtes peut plier n’importe quel combattant, peu importe sa résistance mentale ou physique. Ces frappes sont l’équivalent du collègue discret qui fait tout le boulot en coulisse pendant que les projecteurs illuminent le chef de projet. Et bien souvent, ce sont ces coups-là qui ouvrent la voie aux finitions spectaculaires.
Dans cet article, on va décortiquer pourquoi cibler le tronc – foie, côtes, plexus – est une stratégie aussi intelligente que payante.
Pourquoi ça fait si mal ? Petit cours d’anatomie de la douleur
Le crâne agit comme un casque naturel : solide, protecteur. Le torse, lui, est beaucoup plus vulnérable. C’est une zone riche en terminaisons nerveuses, en organes fragiles, et en muscles essentiels à la respiration.
Un coup bien placé ne fait pas que créer une douleur localisée : il coupe le souffle, épuise l’adversaire, et peut même provoquer une réaction réflexe incontrôlable, comme un repli total du corps. Les zones comme le foie ou le plexus solaire, si elles sont touchées précisément, peuvent entraîner un arrêt temporaire du corps, littéralement.
Et le meilleur dans tout ça ? Même les combattants les plus durs à cuire ne sont pas à l’abri. Le corps humain a ses limites, et un bon coup au bon endroit les rappelle très vite.
1. Les frappes au foie : le tueur silencieux
Le foie, situé juste sous les côtes du côté droit, est l’un des points les plus sensibles du corps. C’est un organe vital qui filtre le sang et gère les toxines, mais c’est aussi une véritable mine de nerfs. Une frappe nette peut provoquer une paralysie temporaire, souvent accompagnée d’un effondrement au sol.
Comment viser le foie ?
- Zone à cibler : Juste sous les côtes droites.
- Astuce de posture : Un combattant droitier peut passer en garde inversée (southpaw) pour frapper avec sa main arrière, plus puissante. À l’inverse, les gauchers sont naturellement bien placés pour toucher cette zone.
- Mise en place : Utilise des jabs ou des feintes au visage pour faire monter la garde adverse, puis enchaîne avec un crochet ou un kick au corps. En Muay Thai, les combattants utilisent souvent le bout du pied pour accentuer la pénétration du coup.
2. Casser les côtes : usure stratégique
Les côtes protègent des organes essentiels comme le cœur ou les reins, mais elles restent une armure friable. Des frappes répétées sur cette zone entraînent des douleurs respiratoires et fatiguent les muscles intercostaux.
Comment les viser efficacement ?
- Cibles idéales : Les côtes flottantes (en bas de la cage thoracique) et la zone du plexus solaire.
- Armes à utiliser : Crochets au corps, uppercuts, coups de genoux, coups de pied circulaires.
- Technique : Frappe en angle ascendant pour glisser sous les coudes adverses, comme le font les combattants de Muay Thaï. Une variation intelligente consiste à feinter un crochet au visage pour forcer l’adversaire à monter sa garde… avant de rediriger la frappe vers les côtes avec précision et explosivité.
L’impact cumulé de ces coups se fait sentir dès le 2e round. L’adversaire devient plus lent, sa respiration se saccade, et chaque inspiration devient un effort douloureux. C’est une forme de domination discrète mais implacable.
Comment intégrer intelligemment les coups au corps dans ta stratégie de combat
Trop souvent, les boxeurs amateurs (et même certains pros) tombent dans le piège de l’obsession du KO à la tête. C’est une erreur. Les coups au corps ne doivent pas être considérés comme des « options secondaires », mais comme une pièce centrale de ta stratégie offensive.
Tu veux user ton adversaire ? Tu veux ouvrir une brèche pour placer un crochet au menton ? Tu veux prendre l’ascendant sans forcément te jeter dans la bagarre ? Travaille le corps.
Voici quelques conseils supplémentaires pour structurer ton approche :
1. Varie les hauteurs dans tes combinaisons
Ne sois pas prévisible. Un jab au visage, un crochet au foie, une feinte, un low kick, et tu reviens avec une droite au plexus : voilà comment tu désorganises la garde adverse.
2. Garde l’œil sur ses réactions
Un combattant qui commence à baisser les coudes, à grimacer ou à reculer après un coup au corps… C’est le signal. Tu as touché une corde sensible. Appuie là où ça fait mal.
3. Reste patient
Les coups au corps sont une arme d’usure. Tu ne verras pas toujours d’effet immédiat. Mais au troisième round, quand ton adversaire a du mal à respirer et garde les bras en bas… le combat est à toi.
Exemples de champions qui misent sur les frappes au corps
Certains grands noms du noble art ont bâti leur réputation sur l’art du travail au corps :
- Canelo Álvarez : reconnu pour ses crochets monstrueux au foie, il use ses adversaires méthodiquement.
- Micky Ward : célèbre pour son « left hook to the body », devenu sa marque de fabrique.
- Errol Spence Jr : un maître du découpage progressif, round après round, grâce à ses enchaînements tronc/tête.
- Et même en MMA, des combattants comme José Aldo ou Dustin Poirier exploitent le corps pour affaiblir leurs adversaires et ouvrir la voie à un finish.
Ces exemples le prouvent : frapper intelligemment vaut mieux que frapper fort.
Ce qu’il faut retenir
✅ Les coups au corps ne sont pas là pour faire joli, ils sont là pour gagner.
✅ Le foie, les côtes et le plexus sont des cibles stratégiques.
✅ Travailler le corps, c’est préparer la tête.
✅ Peu d’adversaires s’entraînent sérieusement à défendre cette zone.
✅ Les body shots, bien placés, peuvent provoquer un abandon sans même un KO.
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